Brux’Elles autrement
Le froid, la pluie et la menace du Coronavirus n’ont pas découragé tout le monde ce mardi 10 mars et c’est avec bonne humeur qu’une dizaine de collègues sont allés visiter l’exposition consacrée aux mouvements féministes en Belgique dans les années 70 au musée Belvue. « Libérer les femmes, changer le monde », tout un programme en souvenir de ces femmes qui se sont battues dans la rue, au travail, à la maison, dans le monde de l’art, de la santé pour faire valoir leurs droits. De nombreux clichés à combattre, de nombreuses injonctions à ignorer, de nombreux discours misogynes à contrer. Tout ceci concentré en trois salles remplies d’archives, de vieilles affiches et reportages d’époque.
Nous sommes en 2020 et pourtant, plusieurs revendications nées dans les années 70 (plus tard en Belgique que dans certains pays voisins qui s’y sont mis dès les années 60 !) continuent de brûler dans l’actualité : égalité salariale, place dans l’espace public, contraception, avortement, droit de disposer de son propre corps. L’exposition est claire et concise (en plus d’être gratuite) et disponible jusqu’au 24 mai 2020 avant de circuler probablement au sein de plusieurs écoles secondaires bruxelloises. Car rappelons-le, le changement passera avant tout par l’éducation des plus jeunes.
Menés par une guide de chez Alter Brussels, nous nous sommes ensuite promenés dans le centre historique de Bruxelles pour une balade alternative et inclusive. Comment chacun de nous, avec notre origine et notre culture, perçoit-on la ville ? Comment les touristes et les habitants d’aujourd’hui perçoivent-ils les traces d’une architecture patriarcale, avec des quartiers séparés pour la bourgeoisie et le reste de population ?
Nous nous sommes notamment arrêtés en bas du Mont des Arts, devant la statue monumentale d’Albert Ier faisant face à celle beaucoup plus réduite de son épouse Elisabeth. Pourquoi une telle différence de taille entre les deux ? La stature de cette sculpture reposerait sur le caractère modeste de l’épouse de feu notre monarque, ancienne infirmière. Ceci choque beaucoup de touristes, nous fait remarquer notre guide, ceux-ci supposant à première vue qu’il s’agit de la mère et non de l’épouse d’Albert Ier au vu de son apparence austère. Cela reste un symbole de la place de la femme dans l’espace public.
Quelques mètres plus loin, une autre pause devant un arbre planté dans le quartier de la « Putterie », en hommage aux morts de la rue. La guide en a profité pour mentionner l’existence de l’association Bruzelle, qui lutte contre la précarité menstruelle en distribuant des serviettes hygiéniques aux femmes sans abris.
Nous terminons la visite par une deuxième exposition, organisée celle-ci par Alter Brussels et installée aux Halles saint-Géry. « Un autre Bruxelles, le Bruxelles des autres » nous permet de découvrir des quartiers bruxellois, vus par les yeux de personnes migrantes et ayant participé à des ateliers d’alphabétisation. La gare de Boitsfort, le canal à Molenbeek, le moulin d’Evere… des lieux loin des guides touristiques à (re-)découvrir autrement pour quelques jours encore.