8 mars – L’avenir sera écoféministe
Aujourd’hui nous sommes le 8 mars: La Journée internationale des droits des femmes. Pour 2022 les Nations Unies proposaient de développer le thème « l’égalité aujourd’hui pour un avenir durable » en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier en faveur de la construction d’un avenir plus durable pour toutes les personnes.
Il nous a dès lors paru opportun de vous présenter en quelques lignes la notion d’écoféminisme.
Un peu d’histoire
Ce terme est un courant idéologique mentionné pour la première fois en 1974 par la féministe française Françoise d’Eaubonne, dans son ouvrage “Le féminisme ou la mort”. Si le mot est utilisé en France, le concept lui, est apparu parallèlement en Inde via le mouvement “Chipko” contre la déforestation. Les femmes utilisaient une stratégie non-violente et entouraient les arbres de leurs bras pour empêcher qu’ils ne soient abattus.
Le mot “écoféminisme” est en effet une contraction des mots « écologie » et « féminisme ». A première vue, il est difficile d’imaginer comment et pourquoi ces deux courants de pensée peuvent s’imbriquer. Or, l’écoféminisme postule que les mécanismes de violence et de domination qui permettent la destruction de la nature et l’oppression des femmes sont les mêmes. En cause première de ces mécanismes: le capitalisme. En effet, celui-ci repose sur l’exploitation des ressources naturelles, et de la main d’oeuvre employée pour exploiter ces ressources, et les femmes sont de fait beaucoup plus exposées que les hommes aux inégalités de revenus liées à leur travail. De plus, beaucoup de femmes dans le monde vivent dans des situations très précaires qui les mettent en danger face aux changements climatiques. En effet, selon l’ONU, elles ont quatorze fois plus de chances que les hommes de mourir à cause d’une catastrophe naturelle.
Le mouvement commence à prendre de l’ampleur aux États-Unis et au Royaume-Uni dans les années 1980. C’est la guerre froide. Le groupe “Women for Life on Earth”, mené par Ynestra King et constitué de féministes, milite pour l’égalité des droits et contre les armes nucléaires. En 1980, le groupe, fort de 2000 militantes, encercle le Pentagone à Washington.
Au fil des décennies, de nombreux groupes féministes et associations ont effectué des actions radicales ou plus retenues pour allier les deux combats. Mais qu’en est-il aujourd’hui?
Aujourd’hui: union des forces
40 ans plus tard, le mouvement prend un nouvel essort. En effet, les préoccupations écologiques et féministes prennent de plus en plus d’ampleur.
D’un côté, le dernier rapport du GIEC confirme que les activités humaines ont une responsabilité énorme dans le dérèglement climatique. Et l’ONU et les militants estiment que les politiques environnementales déployées par les pays sont largement insuffisantes. Un changement radical est nécessaire.
En parallèle, de nombreuses affaires hautement relayées dans la presse ont permis de mettre en avant la parole des femmes: #metoo, #balancetonporc, #balancetonbar. Ces différents mouvements ont contribué à dénoncer des systèmes en place qui ont permis à ces hommes d’agir en toute impunité.
Il n’en fallait pas plus pour qu’un rapprochement des combats s’opère à nouveau. Dès 2019 un nouveau souffle écoféministe a vu le jour grâce aux plus jeunes militantes. Lors des différentes marches pour le climat initiées par l’écolière suédoise Greta Thunberg, de nombreuses autres jeunes filles ont pris l’initiative de mettre des touches féministes dans leurs pancartes. Greta Thunberg elle-même offre une partie de son prix Liberté à l’association “Care” et l’identifie comme “un soutien aux femmes et filles des pays du Sud face aux effets de la hausse des températures et du changement climatique”
Plusieurs courants
Il n’existe pas qu’un seul courant écoféministe, bien au contraire. Entre l’écoféminisme spiritualiste, le matérialiste, l’écoféminisme de résistance, celui qui fait référence à l’écologie “profonde” ou encore l’écoféminisme éthique, une énorme variété de tendances offre à chacune et chacun des possibilités de s’y identifier et de s’y investir. Ses détractrices peuvent également y voir de grandes faiblesses. En effet, l’écoféminisme tend à exploiter une certaine connexion entre les femmes et la nature. Ce qui en soit semble plutôt positif au premier abord, peut devenir un énorme point faible car il promeut certains “stéréotypes” liés au genre: les femmes accorderaient une plus grande priorité que les hommes à la protection de l’environnement, rétablissant la “place” des femmes dans leur position de soin envers les autres, notamment de leur famille, et de choix dans l’alimentation de leur foyer, augmentant par la même occasion leur charge mentale.
Chacun peut évidemment se faire sa propre idée. Nous vous partagerons d’ailleurs sous peu une petite bibliographie non exhaustive d’ouvrages dédiés à l’écoféminisme et nous vous y inviterons à y puiser un maximum d’informations pour vous décider du mouvement qui vous convient le plus!
Image: ©Mary Long, Shutterstock